Course à la neutralité carbone : le doute n’est plus permis
Le récent et magistral rapport du GIEC sur le changement climatique a adressé un sérieux avertissement à l’humanité quant à son impact sur l’environnement. Première étude scientifique majeure sur le climat depuis 2013, il livre un message sombre sur l’urgence absolue de la lutte contre le changement climatique.
Ce message est sans équivoque : pour espérer gagner la course contre le changement climatique, le monde doit changer, et rapidement. Pour avoir la moindre chance de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, il faut radicalement réduire nos émissions et inciter le secteur de l’énergie à abandonner les combustibles fossiles au profit d’alternatives renouvelables plus écologiques.
Les responsables politiques, les entreprises et les sociétés de gestion d’actifs comme la nôtre prennent déjà des mesures pour enrayer la menace du changement climatique. Les autorités du monde entier ont annoncé la mise en place d’objectifs zéro émission et de nouvelles politiques permettant de les atteindre. De fait, les pays qui se sont fixés de tels objectifs représentent désormais 61 % des émissions mondiales, 68 % du PIB mondial et 52 % de la population mondiale1 .
En mars 2021, plus d’un cinquième des 2 000 plus grandes sociétés cotées au monde, représentant près de 14 000 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel, avaient pris des engagements en faveur de l’objectif de zéro émission nette.2 Bien qu’encourageants, ces chiffres montrent qu’il reste encore du chemin à parcourir.
Le constat est simple : sans décarbonation, l’économie mondiale sera lourdement affectée. Mais parallèlement, en optant pour un monde à faible émission de CO2, nous pouvons générer une nouvelle croissance économique significative ; une telle transition sera créatrice de nouvelles technologies, d’industries et d’emplois, ainsi que de multiples opportunités d’investissement.
Les nouveaux secteurs, de l’hydrogène au stockage géologique du dioxyde de carbone en passant par l’agriculture et la production alimentaire durables, seront tous sources de croissance pour l’avenir. La transition énergétique peut se révéler aussi transformatrice pour l’économie mondiale que la révolution numérique l’a été ces 30 dernières années.
Les enjeux de l’innovation
Le succès de la production d’énergie éolienne et solaire est notoire, mais les difficultés liées au stockage de ces énergies le sont également. Toutefois, les combustibles fossiles sont extrêmement performants lorsqu’il s’agit de stocker l’énergie et de la restituer selon les besoins. Le stockage des énergies renouvelables doit être tout aussi pratique. Le marché de l’hydrogène - une source de carburant de masse – fait état de sérieuses avancées mais la route mais il faudra encore du temps pour que cette énergie soit déployée dans les foyers et les entreprises. Mais peut-on imaginer un monde dans lequel les compagnies pétrolières utiliseront leur vaste réseau de distribution par le biais des stations-service pour fournir de l’hydrogène ? Si elles parviennent à opérer un tel changement, l’avenir qui s’ouvre à nous sera particulièrement prometteur.
La transition vers un monde à faibles émissions de CO2 entraînera nécessairement l’essor de certains secteurs et le déclin d’autres. À ce jour, les entreprises pétrolières sont en retard dans ce domaine. En dépit des discours qu’elles tiennent, la part de leurs revenus consacrée à l’énergie propre reste souvent minime. Cela étant, la transformation en entreprise d’énergie propre est loin d’être aisée pour une compagnie pétrolière, et d’autres secteurs se heurtent à des obstacles considérables, à l’instar du transport aérien et du transport maritime long-courrier qui peinent à franchir le pas. De meilleures technologies sont donc absolument nécessaires.
De grandes avancées sont néanmoins perceptibles dans des domaines tels que les véhicules électriques, l’énergie propre, le traitement des déchets, la santé et la production alimentaire durable. Mais ici encore, il est primordial d’agir rapidement dans cette course vers la neutralité carbone et le petit nombre d’entreprises qui pilotent cette transition ne suffit pas. Nous devons faire entendre notre voix en tant qu’investisseurs pour exhorter celles qui sont moins engagées dans cette voie à revoir leurs stratégies et leurs plans futurs de manière qu’elles contribuent à cet effort.
La dynamique est engagée
Les investisseurs sont également conscients de l’urgence de la situation et, sans aucun doute, du relais d’opportunités d’investissement qu’elle présente. Depuis la pandémie, les investisseurs cherchent de nouvelles possibilités de placement responsable. L’an passé, les portefeuilles américains axés sur le développement durable ont enregistré une collecte nette record, tandis que les investisseurs européens ont investi près du double du montant observé l’année précédente.3 Ces flux ne sont pas un simple phénomène de mode mais révèlent une profonde mutation : les investisseurs ne sont plus uniquement motivés par la performance financière à court terme et préfèrent investir dans des stratégies qui cherchent à produire un impact sociétal ou environnemental positif. Cette tendance structurelle à long terme finira par encourager et aider les entreprises à devenir plus citoyennes. En effet, s’il existe une demande en faveur de produits présentant un solide bilan environnemental, social ou de gouvernance (ESG), le cours des actions des entreprises affichant une note ESG élevée devrait selon nous augmenter à son tour.
Il est essentiel de penser à long terme. Le capitalisme est trop axé sur les bénéfices à court terme, mais nous devons privilégier la rentabilité durable à plus long terme et favoriser l’émergence d’un secteur financier qui récompense les bons comportements plutôt que les gains à court terme. Au final, nul ne peut réussir dans un monde en échec. Dans le monde entier, les responsables politiques, les entreprises et les particuliers doivent œuvrer pour donner corps à la transition énergétique. Nous devons veiller à ce que le monde ait un avenir durable et un environnement économique capable d’assurer cet avenir, et ce, au plus vite. Comme le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, l’a clairement souligné au lendemain de la publication du rapport du GIEC, « il n’y a plus de temps à perdre, ni de place pour les excuses ».
- RW5lcmd5ICZhbXA7IENsaW1hdGUgSW50ZWxsaWdlbmNlIFVuaXQgfCBFQ0lVIC8gRmlmdGggb2Ygd29ybGTigJlzIGxhcmdlc3QgY29tcGFuaWVzIG5vdyBoYXZlIG5ldCB6ZXJvIHRhcmdldCwgbmV3IHJlcG9ydCBmaW5kcyB8IEJsYXZhdG5payBTY2hvb2wgb2YgR292ZXJubWVudCAob3guYWMudWsp
- aHR0cHM6Ly9zdXN0YWluYWJpbGl0eS5mYi5jb20gLyBFbmVyZ3kgJmFtcDsgQ2xpbWF0ZSBJbnRlbGxpZ2VuY2UgVW5pdCB8IEVDSVU=
- U3VzdGFpbmFibGVfRnVuZHNfTGFuZHNjYXBlXzIwMjEucGRmIChtb3JuaW5nc3Rhci5jb20pIC8gU3VzdGFpbmFibGUgRnVuZHPigJkgUmVjb3JkLUJyZWFraW5nIFllYXIgfCBNb3JuaW5nc3Rhcg==
Avertissement
Avertissement sur les risques